
Cadeau d’anniversaire : 26 janvier 2025
Augmente en nous la foi, Seigneur :
fais-nous la grâce de tenir, dans ce monde, notre devoir de louange et de service.

Toi, Frère du Sacré-Cœur, le Seigneur t’appelle encore après ta première profession religieuse comme ces six premiers missionnaires de 1943. Ils nous sont arrivés jeunes, le cœur enflammé de l’amour du Seigneur pour les jeunes comme toi le jour où tu as décidé de LE suivre.
Je me souviens, lors de ma première profession, j’ai pris volontairement l’engagement de suivre Jésus sur la voie de la chasteté, de la pauvreté et de l’obéissance. J’ai choisi de me mettre à son service dans la personne des jeunes surtout les plus pauvres et sans espérance.

Voici un extrait de mon engagement :
Je m’engage à vivre comme frère du Christ, profondément uni à Lui dans sa prière continuelle, comme frère de mes frères dans la vie commune, comme frère de tous, spécialement des enfants et des jeunes les plus nécessiteux.
Ce jour-là, le feu de son amour m’avait habité et envahi mon cœur. Gen yon frè ki toujou di : vokasyon an te cho ! J’ai consenti de tout donner sans réserve. Que le Seigneur trouve ton holocauste savoureux ; qu’il te donne à la mesure de ton cœur. Il a pris plaisir à ton offrande comme pour celui d’Abel. Lors de cette première profession, loin de ma pensée de reprendre le don de moi-même par les trois vœux. Oui Seigneur, c’est définitif ; pas d’autre bonheur que Toi !
Aujourd’hui cette motivation m’habite-elle encore ? Ne me suis-je pas laissé tenter par les séductions du vent de la mondanité au point de grappiller, de temps à autre, dans l’offrande totale de ma vie. Avec toutes les commodités que m’offre la société actuelle de me séduire par ses appâts aiguisant mon appétit de mordre à l’hameçon miroitant par une recherche effrénée d’argent, de pécule, d’extravagance, de possession, au point de n’être point rassasier jusqu’à entraver ma fidélité à la pauvreté religieuse de ma promesse. Actuellement je possède, je possède tellement et j’empile toujours ; je ne sais que faire de tant de biens. Qu’ai-je fait de l’invitation au dépouillement : vas, vends tout ce que tu possèdes puis viens et suis-Moi… ? Oui, j’étais tout feu, tout flamme quand j’ai répondu. Ma réponse est-elle toujours vivace ? N’est-elle pas altérée au fil du temps ?
Tout ce que la publicité présente comme dernier cri, je m’empresse de l’acquérir sous prétexte d’être à la mode. Le leitmotiv up to date me fascine chaque jour. Que penseront mes compagnons universitaires sans me présenter chic de la tête aux pieds ? Suis-je encore signe au milieu d’eux ? Ma vie de religieux les interpelle-t-ils encore ? Une vie sobre, avec des habits simples et propres sans extravagance. Pourtant la Règle de vie recommande de m’accommoder de choses simples et modestes, de ne demander que le nécessaire, d’exclure tout luxe et tout superflu (No 90). Il s’agit bien de la dépendance voulue en accord avec mon vœu, une conséquence de mon choix volontaire. Exiger plus s’apparente à une sorte d’insatisfaction des possibilités de la communauté. Mes condisciples retracent-ils chez moi le souci d’un religieux ou d’un gentleman à l’affut de tout ce qui brille : bague, chaine, montre, gourmette et toute la gamme des clinquants… Des compensations, peut-être, pour avoir tout vendu pour LE suivre. Me suis-je offert au Seigneur tout simplement comme un enfant à la recherche de sa volonté ? Et aujourd’hui en est-il de même comme au premier temps de mes relations avec Lui ? Mon train de vie adopté questionne les gens de l’extérieur. Un penseur eut à dire : les religieux émettent le vœu de pauvreté mais les pauvres non engagés dans cette voie le vivent à leur place et c’est le cas en Haïti où la majorité du peuple croupit dans la pauvreté et la misère. Ne soyons pas des consacrés de façade mais d’authentiques appelés à la suite du Christ. La route et la porte qui mènent à Lui sont étroites c’est-à-dire abrupts, difficiles d’accès ; c’est le chemin de croix. Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive (Mt 16, 24). Ne fuis pas le sentier étroit où il t’attend. Il est le premier à le prendre. Il te le redit de nouveau : marche derrière Moi.
Sur mon potable ou mon laptop je peux tout capter, tout regarder, tout entendre. Personne ne me voit. Il n’y a pas de censure. Le censeur c’est ma conscience. Les réseaux sociaux m’offrent tout sur un plateau en or : menu copieux et très abondant. Comme dans la vision des animaux impurs, l’apôtre Pierre entend : mange ! Mais il a eu le courage de rétorquer : c’est impur ! Ma promesse d’une vie chaste, tient-elle encore debout ? Personne ne répondra à ta place. Tous ces renoncements font partie de la croix. Passons ! Ne restons pas trop longtemps sur la question. L’Évangile nous dit quand le regard de Jésus tomba sur Pierre après son reniement, il pleura amèrement (Mt 26, 75). Il est temps de renouer les relations avec le Seigneur.
Qu’ai-je fait de mon engagement dans l’obéissance ? Là encore : une autre pierre d’achoppement dans ma vie de religieux. On raconte qu’un des successeurs de Pierre avait nommé un évêque en remplacement de son prédécesseur. Les fidèles du diocèse ne le voulaient pas. Le jour de sa consécration, en signe de refus, un groupe couché en croix sur les parvis de la cathédrale, barrait la route avant la cérémonie. Le cortège des célébrants entra tout simplement par la porte arrière et le nouvel élu, malgré refus et protestations, reçut l’onction épiscopale. Naaman, le Syrien, réticent dans sa foi au début, a écouté les conseils de sa petite servante et il fut délivré de sa lèpre à cause de sa soumission à la parole du prophète Élisée (2 R 5, 1-27).
Entrer dans l’obéissance n’est pas un jeu facile. Le confrère en charge du service de l’autorité est un homme comme moi avec ses qualités, ses limites et ses défauts. Je peux être plus intelligent et compétent que lui. Mais le Seigneur l’a choisi et établi comme mon guide et non un autre. La pierre d’achoppement demeure malgré tout. À moi d’être attentif à l’Esprit et coopérer dans la foi. Le discernement permet de bien choisir pour être à la suite du Christ. Une obéissance servile ne conduira pas à mon épanouissement et à ma liberté authentique. Le Seigneur se sert de son intermédiaire pour me rejoindre. Rappelle-toi sa parole : Ils ont Moïse et les Prophètes; qu’ils les écoutent ! (Lc 16, 29)
Oui, revenons au premier jour de notre donation totale au Seigneur et renouvelons notre premier oui à sa suite. Tout donné, sans reprendre… selon le chant de Jean Claude Gianada… Que te faut-il pour être un Frère du Sacré-Cœur équilibré ? Là, il y a lieu de prioriser trois convictions : chrétienne, religieuse et professionnelle. Je suis chrétien par l’onction baptismale, religieux par l’émission de mes vœux, professionnel par la qualité de ma formation initiale et continue en vue de ma mission. Les trois convictions incitent à un engagement total et, de surcroît, à les vivre de façon harmonieuse. Trois axes à équilibrer constamment afin d’asseoir ma fidélité au Christ sur le roc et non sur un sable mouvant. Ta maison solidement bâtie ne craindra ni les tempêtes ni les secousses ni les bourrasques de notre monde sécularisé. Il n’est jamais trop tard, comme le fils prodigue, de revenir à la maison et de retrouver sa place dans le Cœur du Christ.
Finissons notre réflexion avec cette prière de solidarité de Luis ESPINAL :
Pour ceux qui souffrent
Nous te prions pour tes pauvres ceux-là que Tu appelais bienheureux. Donne le vrai bonheur à ceux, qui comme Toi, n’ont pas de maison, n’ont pas de pain, doivent émigrer. Puissions-nous détester d’être des consommateurs repus, quand d’autres n’ont que des miettes à ramasser. Puissions-nous changer ce monde injuste qui ne reflète plus ta bonté. (Cf. Hérold TOUSSAINT, POÈMES – PRIÈRES POUR LES JEUNES DU 21e SIÈCLE, p. 63-64)
Très belle réflexion